Dans cette allocution faite en Sorbonne, le mathématicien français Laurent Lafforgue, (médaille Fields en 2002, professeur permanent à l’Institut des Hautes Études Scientifiques et membre de l’Académie des Sciences), défend le caractère essentiel des « Humanités » pour les études de mathématique et de sciences en général. Ses propos peuvent nous rappeler combien sciences et humanités sont indissociablement liées. Lisons plutôt …
Laurent Lafforgue rappelle notamment en que dans son parcours personnel, ses « lectures ont beaucoup contribué à (sa) formation » et qu’il n’a « aucun doute qu’elles ont influencé jusqu’à (sa) façon de faire des mathématiques ».
En effet, selon lui, l’apprentissage de la langue écrite, les exercices fondamentaux de la rédaction, de la composition, de la dissertation constituent une part très importante de la formation du futur mathématicien ou du futur scientifique.
C’est d’abord, nous dit-il, dans l’étude de la langue que ce dernier « peut apprendre la logique, la souplesse du raisonnement, l’organisation de celui-ci, la libération de la pensée… ».
Au-delà même de l’importance de la langue, des grands textes classiques, mais également du latin et du grec pour la créativité scientifique, Laurent Lafforgue insiste aussi sur le caractère indispensable d’un tel enseignement pour rendre simplement possible la pensée et la liberté intellectuelle.
« Je pense que le contact prolongé et approfondi avec la grande culture que l’École peut procurer est la dernière et la plus haute marche qui donne aux esprits les moyens de la liberté intellectuelle.
En effet, elle est pour moi un immense trésor d’expériences, d’idées, de témoignages, de réflexions que l’esprit humain a produits au cours des siècles et dont nous ne devons pas nous détourner, que nous ne devons pas rejeter, car je sais comme mathématicien à quel point toute vérité est difficile à atteindre, même quand elle est simple, surtout quand elle est simple.
Il y a dans ce que les anciens nous ont légué d’innombrables vérités qu’il a fallu des siècles pour mettre au jour et que, si nous dédaignons la culture qui leur donne accès, notre vie entière ne suffirait pas à retrouver. »
(Allocution prononcée à la Sorbonne le 12 mars 2005, reproduite dans le numéro 110 (été 2005) de la revue « Commentaire ».)
Pour aller plus loin, vous pouvez suivre l’actualité de ce mathématicien sur son blog : https://www.laurentlafforgue.org